"
Le ciel au-dessus de Berlin ", titre original des " Ailes
du Désir , est certainement le plus profond et le plus beau film
du réalisateur allemand Win Wenders. Primé à Cannes en 1987, pour
sa mise en scène, ce long-métrage souligna, trois ans après la bonne
fortune de " Paris-Texas " et la réalisation de plusieurs
films à l'étranger, le retour de Wenders à Berlin, pour nous brosser
le portrait " moratoire ", de cette métropole ô combien
chargé d'histoire, qui baigne dorénavant dans une atmosphère funèbre.
En effet, deux ans avant la chute du mur, qui divisa d'une même
manière la ville, l'Europe et le Monde en deux, Wenders " réprima
" à la faveur de ce " poème cinématographique " le
souffle court et chaotique de sa ville natale.
Inondé,
par les remarquables et magistrales prises de vue du français Henri
Alekan (célèbre directeur photos), émaillé des textes poétiques
et philosophiques de Peter Handke, " Les Ailes du Désir "
laisse apparaître un véritable chef d'oeuvre : " symboliste
", où les anges se mêlent aux humains au coeur d'un Berlin
torturé et " brisé ".
Présent
depuis la nuit des temps... Ils sont les témoins de l'humanité.
Leur mission étant de rendre compte de ce qui a trait à la spiritualité
de chaque mortel. Loin du stéréotype des anges gardien, ces derniers
mènent une existence " insubstantielle ". Ne pouvant agir
sur la volonté des humains, ni même alléger leurs douleurs, ils
errent dans les rues de Berlin, invisibles aux hommes... Seuls,
les enfants pouvant deviner leurs silhouettes. Les aveugles ne faisant
que ressentir leur présence et les désespérés leur empathie.
Assis
sur les bras des statues, aux terrasses des cafés... Ils veillent,
constatant leurs impuissance quant à modifier le cours des événements
humains, ne pouvant qu'écouter les pensées les plus intimes et noter
méticuleusement dans un carnet les faits et gestes, des hommes et
des femmes qu'ils rencontrent au gré de leur déplacement.
Mais
voilà, que Damiel, l'un de ces êtres ailés, vaincu par sa sinistre
existence d'ange, rêve de devenir un homme afin de goûter aux touchants
plaisirs de la condition humaine. Et ce qui ne semblait au départ
qu'un doux et agréable souhait, s'est transformé à la faveur de
deux rencontres décisives, en un réel et pressant désir.
En
effet, la rencontre avec l'acteur américain Peter Falk venu à Berlin
tourner un film sur la seconde guerre mondiale va profondément modifier
sa vie. Ex-ange, celui-ci va lui communiquer son immuable et inaltérable
foi en l'humanité, mais également lui expliquer la façon de devenir
mortel, afin de vivre pleinement son amour pour Marion : une jeune
trapéziste de cirque, qui a depuis fort longtemps scellé son choix.
Assurément,
fasciné par la beauté aérienne de Marion, et charmé par sa vulnérabilité
et sa " résilience " qui évoquent tous ce qu'il a toujours
émerveillé chez les humains. Damiel veut faire le grand saut et
passer du noir et blanc des anges à la couleur de la vraie vie.
Il est vrai que Marion est si belle... Si douce... Et si triste,
depuis que le cirque pour lequel elle travaille a fait ses valises
et la laissé seule. Et puis, elle attend l'amour. Un amour que Damiel
souffre de ne pouvoir lui donner.
Ainsi,
à l'instar du " miracle " qui s'est accomplie et imposé,
magistral, en douceur, dès la première image du film, Damiel va-t'il
concrétiser son aspiration et enfin vivre un amour avec Marion,
être de chair et de sang ? Certes, je ne vous révélerai pas l'issue
de cette histoire d'amour, entre cette femme au visage d'ange, et
cette ange à l'apparence humaine. Néanmoins, je vous dirai juste
que " Les Ailes du Désir " se referme sur une certitude
: le cinéma de Wenders a pris son envol.
Assurément,
ce dernier qui passe(ait) souvent en France et auprès du grand public
pour un ' scénariste / metteur en scène ' intellectuel et difficile
d'accès, à signer avec " Les Ailes du Désir " une oeuvre
d'une rare simplicité : Ethérée comme une paire d'ailes d'anges.
De
ce fait, je me demande réellement, si l'on peut faire plus simple
?
D'autant
que Wenders ne nous assène pas servilement ses convictions et autres
certitudes... Mais nous initie avec poésie à sa " sagesse ".
Le lyrisme s'exprimant autant par les dialogues que par une photographie
ostentatoire. Wenders n'hésitant pas à jouer sur la juxtaposition
d'un noir et blanc imperceptiblement teinté de bleu (clin d'oeil
au titre original du film : " Le ciel au-dessus de Berlin ")
et la couleur. Contrastant ainsi, le point de vue des anges avec
celui des humains. Le noir et blanc montrant la " vision "
en " bichromie " qu'ont ces êtres ailés de notre monde
et la couleur celle des hommes. Bref, un merveilleux exercice de
style, où les anges ne deviennent pas plus tristes, juste un peu
plus graves et où les hommes ne tournent pas un peu plus joyeux,
mais davantage humains.
Mais,
là ou la photo du film de Wenders est tout simplement sublime, car
admirablement servi par le brillant et expérimenté Henri Alekan,
le travail de caméra n'en est pas moins magistralement orchestré
par Agnès Godard.
En
effet, du début à la fin du film, les mouvements de caméra sont
une merveille. Et il n'est pas étrange, de se " voir
" (" prendre ") rapidement (à) planer avec grâce
et nonchalance. Tel un ange soutenant son vol, au milieu des nuages
qui glissent... L'on s'imagine facilement, les ailes déployées,
flottant en l'air, jusqu'à ce que la caméra d'Agnès Godard ne se
fige. Filmant impassiblement les traits, ou les ombres de Berlinois
et d'immigrés, " vissés " dans leur solitude et leurs
pensées...V, ce dernier qui passe(ait) souvent en France et auprès
du grand public pour un ' scénariste / metteur en scène ' intellectuel
et difficile d'accès, à signer avec " Les Ailes du Désir "
une oeuvre d'une rare simplicité : Ethérée comme une paire d'ailes
d'anges.
De
ce fait, je me demande réellement, si l'on peut faire plus simple
?
D'autant
que Wenders ne nous assène pas servilement ses convictions et autres
certitudes... Mais nous initie avec poésie à sa " sagesse ".
Le lyrisme s'exprimant autant par les dialogues que par une photographie
ostentatoire. Wenders n'hésitant pas à jouer sur la juxtaposition
d'un noir et blanc imperceptiblement teinté de bleu (clin d'oeil
au titre original du film : " Le ciel au-dessus de Berlin ")
et la couleur. Contrastant ainsi, le point de vue des anges avec
celui des humains. Le noir et blanc montrant la " vision "
en " bichromie " qu'ont ces êtres ailés de notre monde
et la couleur celle des hommes. Bref, un merveilleux exercice de
style, où les anges ne deviennent pas plus tristes, juste un peu
plus graves et où les hommes ne tournent pas un peu plus joyeux,
mais davantage humains.
Mais,
là ou la photo du film de Wenders est tout simplement sublime, car
admirablement servi par le brillant et expérimenté Henri Alekan,
le travail de caméra n'en est pas moins magistralement orchestré
par Agnès Godard.
En
effet, du début à la fin du film, les mouvements de caméra sont
une merveille. Et il n'est pas étrange, de se " voir
" (" prendre ") rapidement (à) planer avec grâce
et nonchalance. Tel un ange soutenant son vol, au milieu des nuages
qui glissent... L'on s'imagine facilement, les ailes déployées,
flottant en l'air, jusqu'à ce que la caméra d'Agnès Godard ne se
fige. Filmant impassiblement les traits, ou les ombres de Berlinois
et d'immigrés, " vissés " dans leur solitude et leurs
pensées...
Ainsi...
" Pour en finir ", je dirai que Win Wenders a su faire
endosser à son moi, le plus somptueux des déguisement, celui d'un
ange dont l'inépuisable " vision ", donne sûrement l'un
des films, les plus inspiré du cinéma. A savoir, une " violente
" invitation à la vie. Non pas par fatalité. Mais par goût,
le sens étant pour moi inhérent à l'émotion. Bref, la vie est belle
pour qui sait voir et jouir des milles et un petits plaisirs quotidiens
qui la composent. En effet, parvenir à aborder le monde sans plus
de barrières, s'approcher au plus près des choses et des personnes,
vivre des histoires... : C'est tout simplement exister !
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